dimanche 28 février 2010

Les ailes du sourire

Buéa, Cameroun. Se tortiller comme le rotor de cet hélico cloué au sol comme un vulgaire albatros. A en rire, si fort.

Sans col, sans fil et sans nageoire

Arusha, Tanzanie. Pour une robe de mariée, pour un costume de croque mort, pour un uniforme d'écolier. Avec ou sans col, avec fil et sans arêtes, sans nageoire.

La grande lessive

Cameroun, Buéa. Il est clown, saltimbanque aux jambes désarticulées, amuseur public. On rigole. Des hommes redescendent du Char des Dieux. Désordonnés, débranchés, décapés par l'orage du volcan.

Lourde comme une baignoire pleine

Kenya, Eldoret. Sur un bord de trottoir, des regards qui ne se croiseront jamais. Une dame lourde comme un baignoire pleine, un Kibet léger comme la plume portée par le vent.

Un lit pour deux

Kenya, Eldoret. Le repos, ce sera pour plus tard. Après, bien après. Un lit sur un vélo, un lit pour le repos. Personne n'a le temps de se dire "Jambo"

Un lit de poussière

Kondoa, Tanzanie, un lit de poussière pour cet homme noyé dans la douleur. Un autre homme se penche. A peine s'il lui tend la main. On est toujours seul. Le public rigole.

Combat de femmes

Combat de femmes, combat de coq. Tanzanie, Kondoa, place du village. Une course de mamas, sans chichi. Avec boubou.

Sans clef et sans juda

Berlin, à grands pas pour franchir cette porte. Talon pointe...talon pointe...talon pointe...pour 50 km...pour forcer le barrage, pour garder l'équilibre, le contact. Presque en apesanteur.

Une victoire pour un visa

Exilées, immigrées, rejettées. Au Bahrain, un paradis illusoire pour des Ethiopiennes sans passeport, ni visa. Juste une victoire pour l'une comme papier d'identité. Comme raison d'exister.

Sans tapis de sol

Bahrain, un anneau d'herbe verte et grasse au beau milieu de rien, de nul part. Trois jeunes femmes effondrées, mal relevées, agenouillées sur cette ligne d'arrivée.

Sans balle de polo

Addis Abeba, champ de cross Jan Meda. Le mur de l'écurie a été repeint. La fresque aussi. Un vieux cheval maigrelet végète à l'intérieur. Une brouette sur le bas côté. Un piquet, virage à gauche, pas même un regard.

La tour d'ivoire

Addis Abeba, hippodrome Jan Medda. Sans chevaux, sans piste, sans haies, sans crotin. Les médailles sont là, les coupes aussi pour le National de Cross. La sono sur son trépiedpour distiller une rumba maigrelette. On attend les huiles. On attend que la sueur coule.

samedi 27 février 2010

Une caisse à remplir

Albi, un soir d'été. Des chaises vides, des caisses vides. Un chagrin à percer. Des épaules à nu et le monde mis à nu. Albi pour un verdict sans alibi.

Un sillon de sueur

Ethiopie, Shashemene. Voilà c'est fini. La route du marathon se brise ici dans une impasse où des militaires jouent de la chicotte pour brutaliser quelques mendiants. De l'eau, de l'eau, on se bat pour quelques gouttes. La sueur creuse son sillon sur ces visages en souffrance.

Je n'ai pas le choix

Ethiopie, Shashemene, sur la piste en cendrée du stade, lors d'une sélection marathon de la province Oromo.
Des corps, des âmes, des pieds en surchauffe.
Des espoirs, des espérances laissés sur le tarmac brûlant d'une route de savane sans fin.

Quand Mo s'effondre

Dublin, un jour de cross.
Le tour noir, un tunnel sans fond.
Un puits de douleur. Mo Farah s'est effondré, en plongeant dans le vide.
Débranché, désarticulé.
Sanglé et ceinturé.
Une fine lamette d'acier le protège de l'effroi.

Des bottes, de la boue, de la craie blanche

Rodez, parc de Vabres. Un vent du Nord froid comme une lame d'acier. Une ligne blanche tracée rectiligne dans ce champ de cross.
Ephémère, sans nul doute. Le cross, je le regarde enfin en couleur. Pour des souvenirs en noir en blanc. Pourquoi pas ?